À chaque marée, le paysage se transforme. Au jusant émergent de grandes étendues de sable, mais le flot viendra les recouvrir quelques heures plus tard. L’amplitude de la marée, inégale d’un jour à l’autre, modifie constamment le point de vue sur l’horizon.
Au loin, on distingue un promontoire seulement visible aux marées d’équinoxe. Ailleurs, une petite baie viendra disparaître sous le déferlement des vagues. Le paysage côtier bercé par la marée nous emporte tour à tour dans un océan de bleu, de gris ou de vert régi par la lumière du ciel. Îles et îlots, gués et tombolos deviennent enfin accessibles… le temps d’une marée !
À marée basse
La mer est partie loin à l’horizon de Saint-Malo, mais elle reviendra bientôt. Profitons de son absence pour explorer les sentiers qu’elle nous permet d’emprunter. La fenêtre est courte, le terrain ne nous est pas familier et ce n’est pas sans appréhension que nous rejoignons à pied l’île du Grand Bé. Prudents, nous quitterons la presqu’île à l’heure de basse mer pour regagner tranquillement les remparts de la cité corsaire.
Direction la baie du Mont-Saint-Michel. Pour découvrir la merveille loin des sentiers battus, nous longeons la petite grève à l’ouest de l’entrée principale du Mont. Nous attendons que la mer soit bien basse pour atteindre la porte cochère du chemin des Fanils. Une rampe dessinant deux virages en épingle nous conduira au pied de l’abbaye sans passer par les rues du village.
À marée haute
Si le flot des marées de vive-eaux effraie les riverains, il est très attendu des photographes pour immortaliser l’escalade de vagues sur la digue de Saint-Malo. Un bouillonnement d’écumes spectaculaire se jette contre les remparts de la ville. Ils protègent fièrement les maisons des armateurs corsaires du déferlement de la houle. Nous demeurons en retrait et admirons la scène de loin, conscients du danger.
La baie du Mont-Saint-Michel est un lieu inouï pour assister au phénomène des grandes marées. Lorsque le coefficient dépasse 110, l’eau vient recouvrir le gué submersible. Pendant quelques heures, le Mont-Saint-Michel est coupé de ses accès et redevient une île. Nous restons sur l’îlot rocheux et choisissons le parvis de l’abbaye pour observer la mer monter à une vitesse impressionnante. Le spectacle est saisissant.